Rentrée atmosphérique du 15.03.2015
Une météorite a été observée depuis plusieurs pays d’Europe au cours de la soirée du dimanche 15 mars 2015, entre 20:44:12 et 20:44:20. Le spectacle lumineux n'aura duré que huit secondes au maximum, cinq ou six en moyenne.
Les nombreux témoignages publiés parlent d’un bolide avec une immense traînée verte, faisant penser à un feu d'artifice. Certains évoquent également des grondements semblables au tonnerre, correspondant à un bang sonique.
Voici quelques informations à propos de ce bolide :
- Il aura été observé par des centaines de témoins depuis la Belgique, le Luxembourg, l'Allemagne, la France et l'Autriche.
- Il a terminé sa trajectoire sur la Suisse, passant quasiment à la verticale de Zurich.
- Deux cent observateurs ont permis de calculer son point de chute: il se situe à proximité de la commune d'Altdorf, en direction du Sud.
- Il a du finir sa course à environ 30 km du sol. Des ondes de pression ont été enregistrées par le Service sismologique suisse SED
Sommaire
Vidéos
Différentes vidéos du météore du 15 mars 2015 prises par des automobilistes :
Allemagne © Ilmssr - A81 (Ausfahrt Villingen-Schwenningen) |
Autriche © simi366 - Sternschnuppe, Meteorit 15.03.2015 Tirol |
Allemagne © rv112xy Komet / Meteorit über Mannheim 15.03.2015 |
France, Bishoffsheim © Maxdarkdog Survie |
Trajectoire et point de chute calculés
Les schémas qui suivent ont été réalisés à partir des données d'observation publiées sur le site de l'American Meteor Society (AMS), qui collecte et publie les observations en temps réel. Plus de 200 observations y ont été rapportées à ce jour. Un logiciel de cartographie que j'ai développé me permet de projeter leurs données. A cette occasion, j'ai proposé à Mike Hankey l'AMS de leur fournir, pour leur site, une copie de l'outil de calcul cartographique que j'utilise et ainsi de leur permettre de calculer les trajectoires pour leurs bolides. Je n'ai pas eu de réponse à ce jour: il faudra que j'insiste car leurs cartes de densité sont, du point de vue astronomique, inexploitables alors que par ailleurs leur site est véritable modèle de ce qui peut-être fait en matière de collecte d'informations publique sur les bolides.
Direction de déplacement
Sur la carte ci-dessus, les observateurs sont représentés par des ronds blancs et leurs directions d'observation (azimuts), par des traits blancs. Notez qu'ici, seule la direction de fin d'observation a été représentée.
Les observateurs ayant fourni à la fois un azimut de début (direction du phénomène au début de l'observation) et un azimut de fin (direction du phénomène à la fin de l'observation) permettent également de calculer une direction de déplacement du phénomène, la trajectoire de ce dernier étant supposée linéaire. La direction de déplacement ainsi calculée est indiquée en violet.
Si l'on observe la distribution des directions de déplacement perçues par l'ensemble des observateurs (courbe violette sur le graphique ci-dessus), il est possible de l'approximer par une régression sous forme de loi normale (courbe blanche). Cette loi normale est caractérisée par une équation qui nous fourni deux renseignements: un écart type (sigma) de 41° (moyenne quadratique des écarts par rapport à la moyenne) et une espérance (mu) de 195.03° qui est la direction de déplacement.
Point de chute (extrapolé)
Tout d'abord précisons qu'il n'est pas certain que le bolide ait atteint le sol. Habituellement, les météores se consument à une altitude comprise entre 20km et 60km, dépendant de leurs caractéristiques physiques (dimension, composition, ...), il n'en reste alors que de la poussière ou de fins agrégats dispersés par les vents.
Des fragments néanmoins ont pu toucher le sol. Probablement sous l'emprise de l'événement médiatique, un témoin suisse Alexander Bangert, 19 ans, affirmait le lundi suivant avoir retrouvé des bouts de cette météorite dans son jardin à Schöftland (AG). L'un des cailloux dont il publie des photos pourrait être une tectite (fragments de roches fondues et expulsées en dehors du cratère lors de l'impact d'une météorite), les autres selon des experts apparaissent douteux. Il convient d'être prudent sur ce rapport :
- de nombreux témoins se font abuser par un sentiment de proximité trompeur: l'observation inhabituelle d'un phénomène de grande dimension apparente dans le ciel trompe notre cerveau. En comparant le phénomène à des objets connus, par exemple "ballon de rugby", les témoins pensent souvent que le phénomène est tombé "juste derrière" la colline, alors qu'il était situé à des distances considérables.
- Schöftland apparait être à 60 km de la trajectoire, ce qui rend douteux toute récupération de débris de la part de ce témoin.
Afin de calculer le point de chute terminal (extrapolé), je me suis servi des azimuts de fin d'observation de chaque observateur. Le logiciel se charge de trianguler les directions d'observations pour l'ensemble des témoins, tout en affectant une marge d'erreur autour de chaque direction. Ici la marge d'erreur choisie est de 5°. Elle aurait pu être plus élevée, elle dépend tout à la fois du nombre d'observateurs et de la précision des données collectées en amont.
Le calcul réalisé permet de déterminer les zones au sol pour lesquelles le plus grand nombre d'observateurs sont en accord. Ici, cela nous permet de déduire assez précisément le point de chute: un plateau qui surplombe la ville d'Altdorf.
Des simulations avec différents niveaux d'erreur (5°, 10°, 20°, 30°, 40°) indiquent de manière stable le même point de chute terminal.
Note : vous pouvez cliquer sur les images pour les agrandir. Un fichier kmz permettant de visualiser la carte sous Google Earth en téléchargement
La trajectoire calculée par MeteorAstronomie
La méthode précédente permet de compenser l'imprécision des observateurs "humains", importante puisqu'on le voit le sigma est de 41°. Cependant, en se servant de caméras il est possible de retrouver plus rapidement et plus simplement la trajectoire, (de manière générale en se focalisant sur quelques observateurs dont les données ont pu être plus précisément qualifiées):
MeteorAstronomie, une association Suisse a capturé l'événement à partir de 4 stations : OBE (Oberdorf), FAL (Falera), BOS et GNO. Ainsi qu'à SCH (près d'Oberhof) par photo.
Le logiciel UFOOrbit v2 a permis de reconstituer la trajectoire. Cela fournit un point de comparaison intéressant. Comme nous l'observons sur les schémas ci-dessous, il existe un décalage latéral de 7 km entre les deux trajectoires présentées, ce qui est assez faible. La direction de déplacement du phénomène est elle conforme, à un degré près.
Les deux schémas du dessus © MeteorAstronomie. Les cartes ci-dessous correspondent à des zooms et superpositions avec les graphiques réalisés plus haut.
Références
Voici une liste de liens vers des sites relayant cette information :