Comètes et Planète X
Cet article pose la question de la présence d'un corps gravitationnel massif à 120° d'inclinaison sur le plan de l'ecliptique par la présence d'un excès de densité cométaire dans le nuage d'Oort.
Un corps massif orbiterait-il loin des regards dans le nuage de Oort ? Le soleil aurait-il un compagnon sombre qui étendrait son influence sur les confins du système solaire ??
Questions souvent lues, entendues et qui prennent une résonnance plus particulière compte tenu de la montée des interrogations autour de 2012 & Co.
Ce compagnon sombre, parfois appelé Nibiru, Hercolubus ou encore planète X pourrait exister, cependant cette hypothèse est considérée à ce jour comme hautement improbable...
Le cas échéant, comment détecter un astre, si massif soit-il (peut-être plusieurs fois la masse de Jupiter), dans la mesure où il se situe à une distance considérable tout en émettant très peu de lumière ? D'un point de vue astromique la détection des naines brunes constitue un champ encore quasiment vierge de découvertes.
Pour résoudre cette question, il y a peut-être des pistes à explorer dans les anomalies de l'héliopause solaire (frontière entre la bulle de vent solaire appellée héliosphère et l'espace galactique). Encore que, cette frontière est peut-être encore bien trop proche de nous pour être capable de nous informer d'une activité aussi lointaine. A creuser...
Pour aller plus loin et, plus simplement (?), il nous suffit peut-être d'observer le comportement des lointains messagers qui nous proviennent de cette région: les comètes.
Bien sûr, cette idée/question de l'observation des comètes n'est pas neuve: elle rejoint une hypothèse que nous relevons souvent à propos de la planète X: en cas de rapprochement important, nous serions soumis à un intense bombardement cométaire, et ceci compte tenu d'un effet gravitationnel d'entrainement. A la façon d'un aspirateur géant entrainant tout sur son passage, (ou d'un autobus!), la Planète X emmenerait les corps gelés situés aux confins du Nuage de Oort et viendrait les déposer jusqu'au coeur du système solaire.
Cependant, cela n'arriverait probablement pas brutalement.
En effet, en admettant qu'un tel corps se rapprochant de nous (jusqu'à devenir dangereux) existe, il faudrait qu'il soit muni de paramètres orbitaux "extrêmes": soit une excentricité proche de 1 (lui permettant d'être resté "caché" jusqu'à présent), et d'une période orbitale très importante, de l'ordre de plusieurs milliers d'années.
Malgré cela, le franchissement du point de flexion le plus étroit de son orbite ellipsoïdale, (appellée périapse), prendrait au bas mot des dizaines d'années. Ainsi, si "quelque chose" devait arriver près de nous, (et selon certains cela se produirait aux alentours de fin 2012), nous devrions dors et déjà considérer que cette chose est déjà là! En d'autres termes, son influence gravitationnelle serait déjà quasi maximale actuellement. Effets de résonance mis à part, si l'on considère une influence possible sur le soleil.
De même, le cortège de comètes qui accompagnerait un tel phénomène (ou le suivrait) devrait déjà avoir pris le soleil comme nouvelle cible, car c'est bien ce dernier qui constitue le centre de masse le plus important de notre système.
Si donc, nous sommes devant un processus prenant des dizaines d'années pour s'accomplir, (lors du franchissement du périapse la vitesse d'un corps qui orbite devient minimale), alors nous pourrions peut-être déjà en observer les effets ? Et quid de l'effet d'entrainement à long terme qu'un tel corps aurait sur des comètes situées dans le nuage de Oort ?
En ce sens, une question qui parait naturelle (mais peut-être non pertinente) serait de savoir si nous pouvons dors et déjà observer un accroissement du nombre de comètes depuis la Terre.
Sommaire
- 1 Augmentation du nombre de comètes ?
- 2 Trions les comètes
- 3 Que nous disent les comètes hyperboliques ?
- 3.1 Groupes de comètes selon l'excentricité et l'inclinaison
- 3.2 Fonction de répartition des comètes (ensemble) selon leur inclinaison
- 3.3 Fonction de répartition des comètes paraboliques et hyperboliques selon leur inclinaison
- 3.4 Représentation de la densité de comètes hyperboliques vis à vis du plan de l'ecliptique
- 4 Compléments
Augmentation du nombre de comètes ?
Les découvertes de nouvelles comètes
Cette question est difficile à évaluer. Tout d'abord, la découverte de comètes est un phénomène à croissance exponentielle, ceci grace à la mise en service de systèmes de détection automatiques. Le graphique ci-après qui ne présente que les comètes périodiques donne une idée de la rapidité de cet accroissement :
Dans ce contexte, comment mesurer le véritable flux cométaire reçu ici sur Terre, c'est à dire indépendamment des moyens d'observation et de collecte de disponibles à l'instant T ?
Les comètes les plus brillantes (depuis 1936)
Une première idée consisterait à ne sélectionner que les comètes de premier ordre, c'est à dire les plus brillantes recensées et ayant pu faire l'objet d'observations à l'oeil nu (moyen d'observation presque atemporel). En l'occurrence celles ci-après proposées ont une magnitude inférieure à 4. En utilisant les données proposées sur une page de l'ICQ Comet (Harvard) Information Website, voyons ce que cela donne:
Reporté sur un graphe :
Le graphique précédent est éloquent: l'accroissement du nombre de comètes observées se fait de façon quasi linéaire, ce qui signifie que le flux cométaire est constant.
Cela étant, si nous considérons les points précédemment relevés, à savoir (et toujours sous le "sceau" d'hypothèses!) :
- La Planète X aurait une période de rotation très importante - de l'ordre de plusieurs milliers d'années. Ce qui, afin d'observer un effet quantifiable sur la fréquence des comètes, induit l'utilisation de relevés sur des dizaines voire centaines d'années. Le jeu de données précédent serait donc trop restreint.
- La Planète X serait un corps massif, entrainant préférentiellement derrière lui des comètes. Celles-ci devraient donc, essentiellement se manifester après son éventuel passage.
- Néanmoins, et ce point est important, l'effet gravitationnel de la Planète X s'étendrait à une très grande distance et la force d'entrainement appliquée aux corps situés à proximité de son passage continuerait à s'exercer longtemps après. Cette force doit constituer une information résiduelle observable.
Ce qui peut finalement nous laisser un certain espoir de trouver une information utile/discriminante.
Alors, est-il possible de mieux qualifier les corps cométaires et afin de ne retenir que les comètes possiblement affectées ? En d'autres termes supprimer le bruit constitué par toutes les comètes qui ne proviendraient pas de la région du nuage de Oort et qui n'auraient pas été explicitement entrainées par le passage d'un tel corps.
Voyons comment nous pouvons faire (si nous pouvons...)
Trions les comètes
Un bon indicateur permettant de définir la typologie des comètes pourrait être l'excentricité. L'excentricité orbitale définit la forme des orbites des objets célestes. La forme générale est une ellipse, d'équation polaire (origine au foyer) : où e est l'excentricité. Ainsi l'excentricité (e) est strictement définie pour toutes les orbites comme étant circulaire, elliptique, parabolique ou hyperbolique en prenant les valeurs suivantes :
- pour les orbites circulaires : e = 0,
- pour les orbites elliptiques : 0 < e < 1,
- pour les trajectoires paraboliques : e = 1,
- pour les trajectoires hyperboliques : e > 1.
En quoi l'excentricité permet-elle de trier les corps orbitaux ? Assez simplement par le jeu des forces de gravitation, celles-ci s'excercant préférentiellement dans le plan de l'ecliptique elles contraignent les corps à respecter certaines plages de valeurs et excentricités, sous peine d'être éjectées du système solaire !
Ci-dessus graphique très instructif des inclinaisons orbitales, fonction de l'excentricité, pour les planètes (carrés), astéroïdes (cercles pleins) et comètes (cercles vides). Notez que les planètes ont en général une excentricité et une inclinaison faible, alors que la plupart des comètes ont une excentricité proche de 1. Comme indiqué ci-dessus, une excentricité égale à l'unité, signifie au sens strict que l'orbite n'est pas une ellipse, mais une courbe ouverte, une parabole. Au contraire, si l'excentricité est surpérieure à 1 l'orbite est elliptique.
Mais comment arrive t-on à obtenir de telles excentricités ?
Une excentricité exactement égale à l'unité survient quand l'énergie totale est nulle. Avec une telle énergie, un corps peut venir de l'infini , atteindre une certaine distance au soleil, puis retourner à l'infini à nouveau. Dans ce cas précis, lorsque le rayon tend vers l'infini, la vitesse devient arbitrairement petite. Basiquement, nous pouvons dire que la vitesse devient nulle à l'infini. Dans notre cas, "l'infini" est représenté par le nuage de Oort, situé à une distance suffisament importante du centre du système solaire pour parvenir à des vitesses initiales considérées comme effectivement faibles.
Si des corps provenant du nuage de Oort ont une courbure elliptique quasi parabolique, égale à 1, ou très légèrement supérieure à 1, cela doit signifier qu'ils avaient une vitesse initiale quasi nulle. Cela est compatible avec un faible effet d'entrairement causé par des forces gravitationnelles lointaines et donc plus homogènes (étoiles à proximité, nuages de gaz) ou bien une perturbation, plus tranchée car plus proche, et qui aurait creusé un sillon dans le nuage de Oort.
Et ce sont ces excentricités que nous devons trier:
- inférieure à 1, ce sont les comètes périodiques, capturées par le champ gravitationnel solaire ou par les planètes géantes. Elles orbitent "sagement" jusqu'à évaporation ou désintégration.
- proche de 1, cela consiste en réalité en des corps qui sont sur une orbite elliptique, mais à la limite de la parabole. Ils ont du être accélérés très progressivement et depuis très longtemps. Ils font partie du bruit qu'il faut supprimer puisque nous ne pouvons pas considérer qu'ils ont subi une accélération gravitationnelle récente (et donc qu'ils soient pertinents pour nous donner une indication sur la direction dans laquelle rechercher),
- légèrement supérieures à 1 : ce sont les excentricités qui nous intéressent, il s'agit d'orbites hyperboliques. La plupart de ces corps ont du subir une accélération relativement récente et ils vont sortir du système solaire à court terme - sauf s'ils sont repris par un autre corps massif. Il est dit qu'environ 10% des comètes ont des orbites hyperboliques, cependant le ratio relevé (cf. plus loin) apparait plus important, d'environ 15.5% (122/785).
- très supérieures à 1 : nous ne risquons, à moins de chance, guère d'en trouver ! Les corps subissant une perturbation gravitationnelle plus franche, quittent en effet l'influence du système solaire tout aussi rapidement.
Ce qu'il nous faut donc rechercher c'est le plan privilégié (inclinaison) dans lequel apparaissent les comètes para ou hyperboliques à l'excentricité très proche ou légèrement supérieure à 1. Ces comètes, avant d'éventuellement nous quitter, peuvent en effet nous informer d'un épisode récent. Si leur répartition est isotrope alors, bien sûr, il n'y aura pas de phénomène gravitationnel proche qui pourra être pris en compte, dans le cas contraire, la question sera posée.
Que nous disent les comètes hyperboliques ?
Il faut observer la direction de laquelle viennent ces comètes particulières et observer si leur flux est isotrope ou bien s'il existe la trace d'un sillon gravitationnel, fonction de l'inclinaison.
Comme cette fois-ci nous ne posons plus d'hypothèses sur la fréquence d'observation, nous allons essayer de nous baser sur le plus grand nombre possible de comètes. Et, l'université de strasbourg dispose d'une petite base de données bien utile pour ce genre travail:
(Compte tenu de sa dimension, le tableau de valeurs utilisé n'est pas reporté).
Groupes de comètes selon l'excentricité et l'inclinaison
Tout d'abord, grâce à ces données, nous retrouvons assez simplement le résultat présenté dans le schéma plus haut, avec la simple différence que le nombre points utilisés est plus élevé et qu'il ne s'agit que de comètes:
Fonction de répartition des comètes (ensemble) selon leur inclinaison
Si nous observons la fonction de répartition en fonction de l'inclinaison seule, le résultat est très instructif. En effet, il nous fournit une indication sur la densité des comètes en fonction du plan de trajectoire dans lequel elles s'inscrivent:
Fonction de répartition des comètes paraboliques et hyperboliques selon leur inclinaison
La fonction précédente est recalculée avec l'échantillon ciblé: les seules comètes hyperboliques et paraboliques ayant une excentricié e >= 0.9999. Sur la base de ce critère, nous ne disposons plus que d'un échantillon de 127 comètes sur 785 initialement, (dont 5 en proportion négligeable, ayant une l'excentricité comprise entre 0.9999 et 1).
Le résultat est assez éloquent:
Ainsi, il existe une très nette accentuation de la densité de ce type de comètes pour un peu moins de 120° d'inclinaison. Pourquoi cette augmentation ? Biais instrumental ? Peut-être, mais ce qui est ici remarquable c'est que le point d'augmentation maximal à 120° présente un axe de symétrie, qui peut-être la signature d'un potentiel gravitationnel.
A noter de manière remarquable que si l'on observe les comètes ayant une excentricité comprise entre 0.8 et 0.999 cette déviation s'atténue largement:
Ceci semble bien confirmer que ce sont les quelques comètes de très forte excentricité (> 0.9999) qui sont les messagères d'une augmentation d'activité gravitationnelle dans le plan d'inclinaison, à 120°, les comètes à orbite moins excentriques orbitent plus anciennement et ont eu le temps de "détruire" l'information concernant une rencontre passée.
Représentation de la densité de comètes hyperboliques vis à vis du plan de l'ecliptique
Le résultat final peut-être projeté sur une sphère afin de représenter les directions des plans orbitaux correspondant aux différentes inclinaisons.
Reste à calculer précisément les paramètres de cette fonction de répartition et voir si elle peut se conformer aux lois de la gravité.
Compléments
Suite à l'écriture de cet article une recherche sur les mots clés "120 degrees" "Planet X" conduit à plusieurs pages référancant cet article:
X Marks the Spot
In February, 1999, J.B. Murray presented a paper to the Royal Astronomical Society entitled "Arguments for the Presence of a Distant Large Undiscovered Solar System Planet." (http://www.blackwell-synergy.com). Murray's paper explored various explanations for what he called a "non-random clustering of long-period comets," which his research concluded are "aligned along a great circle inclined to both the elliptic and the Galactic plane." His paper examined the possibility that this non-random clustering was due to "orbital perturbations by an undiscovered object orbiting within the distances of 30,000 to 50,000 au from the Sun." Murray's mathematical modeling predicted that the object would have a retrograde orbit inclined at 120 degrees. In an October 16, 1999 Economist article entitled "X Marks the Spot," Drs. Murray and Matese, after looking at the orbits of approximately 300 long-period comets, have separately concluded that too many of them are coming from the same regions of space. They suggest that the galaxy's "tidal wobble" is "being modulated by the gravity of something big within the Oort Cloud itself."
The new object must be very faint, these astronomers suggest, or it would have been spotted. This means it's not a star. They predict that the object is three times the size of Jupiter. They also suggest that the object is not a "proper planet," because, take note: "its orbit appears to run in the opposite direction from those of the nine known planets." This is another factoid we can add to the above "anomalous" findings regarding the existence of Marduk/Nibiru. As the Enuma elish tells us, the planet Marduk entered the solar system on its "clockwise, elliptical orbit," and struck the Earth, which was moving in its "ordained counterclockwise orbit." So the planet we are looking for will have an orbit which runs in the opposite direction from those of the nine known planets in our solar system. (Chalk another one up for Sitchin.)
L'article original de J.B. Murray a été "retrouvé" et repositionné ci-après. De façon intéressante, si la méthode est différente (J.B Murray utilise l'aphelion), le résultat est similaire!