FED, spéculation, pétrole et Iran
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5 Septembre 2008 : poursuite du scénario, bientôt le creux de la vague …
Attaque imminente sur l'Iran selon un article du quotidien hollandais, de Telegraaf, le 29 août dernier.
D'après ce journal hollandais, les services secrets des Pays-Bas auraient suspendu toute opération d'espionnage en Iran en raison d'une attaque américaine imminente. Depuis des mois, les Etats-Unis et Israël prévoient d'effectuer une attaque aérienne contre les équipements nucléaires de l'Iran. Samedi, un commandant militaire iranien a averti que toute attaque sur l'Iran pourrait être à l'origine d'une troisième guerre mondial
Cette information est plus longuement reprise sur ce site : http://w41k.info/?read=20017 (article du 4/09/08).
La Géorgie, l'Iran et la stratégie Israélienne
Pour la première fois je lis une information qui semble s'intégrer de façon cohérente dans le contexte géostratégique régional, et donner du sens aux événements récents en Géorgie:
En même temps, avec le changement de premier ministre israélien prévu, (le 17 septembre : par exemple), cela risque d’être quelque peu mouvementé. A moins que ce ne fut écrit d’avance ?
Pour les spéculateurs
Idéalement, pour les spéculateurs, cela devrait coïncider avec le creux de l’énorme vague ayant vu le reflux du pétrole et déclenchée par Ben Bernanke : si l’on poursuit la courbe actuelle, à la louche, l’asymptote basse sera bientôt atteinte autour de 100 $ : plus que quelques courtes semaines: à la fin du mois de septembre ou au début du mois d'octobre.
Pour le candidat républicain
A noter aussi qu’il semblerait qu'une attaque serait favorable au candidat républicain : l’opinion se rangerait plus volontiers derrière un vétéran qu’un jeune sans expérience. J’aimerais bien connaître l’avis d’américains sur ce sujet.
Mais rien n’est certain, évidemment : c’est le genre d’info que l’on nous ressert régulièrement depuis plusieurs mois. Cette dernière année a vraisemblablement donné lieu à des luttes internes entre le pouvoir politique d’une part, et le pouvoir militaire ainsi que les services de renseignement d’autre part. Les uns favorables et les autres opposés à une intervention. Parallèlement, la « diplomatie » américaine s’est offerte l’opportunité d’une intervention, notamment par sa présence (quasi-passive) au sommet de cet été qui s’est soldé par un échec (attendu) des négociations.
28 juillet 2008 : quelques interrogations …
Depuis le 15 juillet nous assistons à une décrue massive du pétrole. Le déclenchement de cette décrue historique a été provoquée par la présentation d'un rapport au congrès lors d'un discours de Bernanke sur la politique monétaire. Bien sûr cet événement a été noyé au sein d’autres actualités macro-économiques (comme la publication des stocks US). Pourtant, c’est bien durant les minutes pendant lesquelles le président de la FED s’exprimait, et au fur à mesure qu’il parlait, que le prix du brut chutait de façon spectaculaire.
Le discours de Ben Bernanke faisait état d'une situation plus sombre que prévue. Ainsi, ce mardi là, il avertissait que l'économie américaine faisait face à de "nombreuses difficultés (numerous difficulties)". Ou encore parlait d'une prévision de l'inflation "inhabituellement incertaine (unusually uncertain)". De plus, le discours de Ben Bernanke s'inscrivait à la suite du renflouement des deux géants garants du système hypothécaire Fannie Mae et Freddie Mac, à la fin de semaine précédente. Cela continuait donc à faire peser des craintes sur le système bancaire.
Les conséquences du discours de Ben Bernanke
Logiquement, le ralentissement économique américain a fait craindre aux investisseurs une baisse de la demande du premier pays consommateur mondial d'or noir, d'ou le désengagement massif. C'est du moins ce qui a été servi par les médias comme principale interprétation de la chute brutale du cours.
Pourtant :
- jamais un discours d’un directeur de la FED n’avait provoqué un tel émoi,
- le contenu du discours de Ben Bernanke n’évoquait rien qui soit particulièrement nouveau: déjà en juin, les menaces inflationnistes et la remontée des taux avaient été évoquées.
Et il y a surtout un énorme paradoxe: on nous dit que l'économie américaine va mal, et à cet instant, tous les capitaux affluent depuis le pétrole vers "cette-économie-qui-va-mal", banquières en tête (!)
- La veille du discours de Bernanke, le 15/07/2008, le CAC 40 touche un plus bas depuis 3 ans (18/05/2005). Juste après, il s'ensuit 6 séances de hausse consécutive (+1.26%, +2.76%, +1.74%, 1.25%, 0.0%, 1.88%), soit de 4070 à 4408 points en 6 séances ! Le Dow Jones rebondit de 6% et les banques françaises s'apprécient de 18% sur la même période.
Est-ce bien logique ?
Allez comprendre ! Lorsque l’on vous annonce qu’une économie va plus mal que prévue allez vous investir massivement sur celle-ci ? En d’autres termes, faites-vous le pari qu’elle va aller bien ? D'autant plus que vous vous dégagez des investissements futurs en pétrole pour cette raison ? Cela parait aberrant.
Et vous pensez qu'une corrélation négative entre le pétrole et les marchés est d'ordinaire la loi ? Détrompez vous! Il n'y a rien de plus faux! Si nous observons sur 8 ans la corrélation entre le pétrole et le S&P 500, voici le graphique que l'on obtient:
Aussi, n’y a-t-il pas une autre raison spéculative, un signal envoyé pour qui sait l’interpréter au travers du discours de Ben Bernanke ? Il me semble légitime d’essayer de comprendre.
Comment fonctionne la spéculation ?
De manière générale la spéculation fonctionne grâce aux "effets de yoyo", ou aux vagues pour prendre la parabole du surfeur. Son principe est simple, il consiste à parier sur la montée (ou sur la baisse des prix). Lorsqu’une denrée est indispensable un trader/surfeur peut miser dessus sans vergogne sachant que la vague qui va l’emporter va finir tôt ou tard par l’emporter. C’est le cas par exemple du pétrole. Néanmoins une spéculation "efficace" nécessite une connaissance fine de la tendance: un surfeur aguerri, va se placer à l’endroit où la vague va se former. Et essayera de lâcher sa vague au plus haut (revendre) pour reprendre la vague suivante au plus bas, (ou inversement, puisque il est aussi possible de spéculer à la baisse).Donc, ce qui est intéressant dans la spéculation, ce n’est pas finalement de parier sur une simple tendance et d’attendre des mois que « cela se passe », mais bien au contraire de "jouer" finement sur les vagues ce qui crée un "effet de levier" et augmente les gains potentiels.
Soit…
Peut-être faut-il rappeler en quelques mots ce qui fait et défait le prix du pétrole. Ses principaux attenants sont:
A long terme (>1 an):
- L’épuisement de la ressource,
A moyen terme (de 3 mois à un an):
- Les taux d’intérêts futurs des USA (ils devraient finalement remonter pour lutter contre l’inflation, rendant un billet vert plus fort à l’achat, et des contrats sur le pétrole également plus chers),
- la faiblesse/force de l'économie américaine, (le pétrole devient une valeur refuge à la place du dollar),
- Les cycles saisonniers,
A court terme (de 1 à 3 mois) :
- Les « incidents » dans les différents pays producteurs, (menaces sur les centres de production: guerillas, météo, etc.)
- L’état des stocks mensuels.
Mais au-delà de tout cela, il existe un sous-jacent fondamental : la géopolitique et le contrôle de la ressource. En l'occurence, les relations avec l’Iran attisent depuis plusieurs mois déjà les tensions sur le marché du pétrole. Si cette tension est déjà présente et prise en compte par les marchés, (jusqu'à la décrue récente), une guerre ouverte pourrait effectivement être susceptible de créer un mouvement haussier de plusieurs dizaines de dollars. Or cette perspective semble toujours dans l'air du temps, d'autant plus que rappelez-vous google suggest évoquait lui-même récemment cette inquiétude :
- En mai 2008 : Consequences, Scenario, Draft, Israel
- Le 5 juin 2008 : Imminent, Soon, Consequences, When,
- Le 15 juillet 2008 : inevitable, news, is the reality now, coming soon, for oil, US
Voir l'article de juillet 2008 à ce sujet.
J'estime à environ 20$ la partie représentée par la spéculation sur les prix du pétrole.
Ainsi, le signal envoyé par Bernanke serait au choix le suivant :
- (1) « C’est la fin du jeu, rangez vos planches et allez jouer ailleurs !» (=> les spéculateurs se retirent, jusqu'à moyen terme)
Soit :
- (2) « Attention ! La "grande vague" arrive ! » (=> les spéculateurs se retirent pour prendre la vague: stand-by à court terme)
Difficile de dire dans quelle situation nous nous trouvons. Quoiqu’il en soit Bernanke a envoyé un signal fort aux yeux de certains. Mais, comment discriminer ?
A quel point l'action de Ben Bernanke est-elle planifiée?
Est-ce que Ben Bernanke a conscience de l'impact de ses paroles sur les marchés ? Très certainement. Et le cas échéant, les tenants et aboutissants sont connus d'avance.
Ce qui est plutôt inquiétant, c'est que son annonce soit corrélée avec une augmentation notable des résultats dans la presse Internet concernant les mots clés : US, war, Iran. Après le point rouge ci-dessous, ces derniers 15 jours:
Simplement, jusqu'à quel point cela peut-il être intégré dans une stratégie politique ? Il serait extrêmement cynique de considérer qu'un message préalable notifiant la guerre a effectivement été envoyé aux marchés financiers. Tout du moins à ceux qui peuvent le comprendre. Soit afin de les préparer, ou bien de leur faire profiter d'une opportunité de spéculation (au choix).
Je m’interroge d’autant plus que parallèlement les Etats Unis font bonne figure via des efforts diplomatiques: l'envoi corrélé du haut responsable américain, le sous-secrétaire d'Etat William Burns, à la table des négociations à Genève sera la preuve que tout aura été fait (du reste, il n'est quasiment pas intervenu)… Ce que l'on relève moins c'est que les US ont assorti ces négociations d'un quasi-ultimatum : la position de l'Iran doit être résolue d'ici deux semaines (à partir du 19 juillet) ou sinon ce sera un pas en avant vers des sanctions supplémentaires.
Enfin, une dernière question que je me pose au vu de cela : quelles sont les relations de proximité de Bernanke, quels sont ses amis et quel est le réseau qui l’influence ? Est-ce que sa religion peut jouer un rôle politique dans ses décisions ?
Réactions de lecteurs
29/7 "Je ne crois pas que les marchés soient des entités qui génèrent des réponses logiques et donc prévisibles. Ils sont manipulés et l'information est asymétrique. Les "paradoxes" obéissent aux manœuvres que font les détenteurs premiers de l'information pour profiter encore mieux du déroulement des "vagues", pour créer de la confiance ou de la peur à la mesure de leur intérêt. Si vous observez graphiquement les mouvements préalables au déroulement d'une tendance, surtout les mouvements à court espace de temps, vous verrez des déplacements contradictoires qui ont pour but "nettoyer le marché" en éliminant "les petits" qui sont piégés dans ces mouvements opposées et contradictoires et qui méconnaissent la direction dans laquelle les puissants (Hedge funds, banques, banques centrales, lobbies...) vont finalement amener les marchés. Je vous recommande par exemple d'observer le graphique €/$ à 5 minutes et d'observer les mouvements contradictoires produits juste avant ou immédiatement après quelque nouvelle importante concernant par exemple les types d'intérêts, les déficits commerciaux ou quelconque autre paramètre qui puisse concerner cette relation de monnaies."
Je pense effectivement qu’il existera toujours des niveaux d’information sur les marchés auxquels auront accès certains "privilégiés", par nature, l’information est entropique et donc asymétrique. Sans compter les couches de complexité associées. La plupart des mouvements quotidiens ne sont/ne peuvent pas être décryptés et passent pour des mouvements quasi-aléatoires pour l’individu lambda.
Cependant, pour une fois, nous observons sur les marchés un mouvement important que rien ne laissait présager, (tout du moins dans cette amplitude et ces modalités d’exécution) : la descente du prix du brut serait logique à elle seule. Elle ne l’est pas lorsque l’on observe que les capitaux retirés sont déplacés vers les marchés désignés comme sources de ces maux économiques.
Aussi, peut-on dans ce cas démontrer l’existence d’une information cachée à destination de certains privilégiés ? Cet article (certes superficiel) est une amorce de réflexion pour essayer de comprendre à quel genre de données (occultées du grand public ) peut être finalement reliée cette annonce. Et ce que je trouve de plus significatif, c’est l’augmentation corrélée à l’annonce de Ben Bernanke de la pression médiatique concernant la guerre possible contre l’Iran (augmentation de 30% du nombre d’articles sur ce sujet en 15 jours), ainsi que l’augmentation croisée de « l’effort diplomatique » US (si l’on peut appeler ça un effort diplomatique…). N’y a-t-il pas un timing ou un effort délibéré là derrière ? L’avenir nous le dira.
Après, est-ce qu’il s’agit d’une volonté choisie de nettoyer « les petits » ou tout simplement un effet secondaire liée à l’asymétrie dans l’information ? Je pencherais plutôt pour la seconde raison. L’asymétrie de l’information a des effets mécaniques sur les petits porteurs qui se trouvent constamment piégés ou en « retard d’un train » sur la réalité des marchés et finissent par en patir.
michael.vaillant()free.fr