de Paul Watzlawick, J. Helmick Beavin, Don D. Jackson, 1967
Première traduction française parue en 1972, au seuil, traduit de l'américain par Janine MORCHE
ISBN 2020052202
Les auteurs traitent de la pragmatique de la communication humaine: ils étudient la façon dont le comportement est affecté par la communication, tout en s'attachant plus particulièrement aux troubles du comportement. Quelques chapitres: Une axiomatique de la communication - La communication pathologique - Structure de l'interaction humaine - Analyse de la pièce: Qui a peur de Virginia Wolf? - La communication paradoxale - Le paradoxe en psychothérapie, etc. Pour lecteurs initiés à la sémiotique. L'original américain a paru en 1967
1. La pragmatique de la communication humaine est une science dans l'enfance ; loin d'avoir élaboré un langage cohérent qui lui soit propre, elle n'en est qu'aux premiers balbutiements.
2. ...lorsque nous faisons appel à des analogies tirées des mathémathiques, il doit être bien clair qu'il ne s'agit pour nous que d'un langage, langage éminemment apte à exprimer des relations complexes, mais cela ne signifie nullement que nous avons estimé déjà quantifiables les données dont nous nous sommes servis
(Introduction, Palo Alto, Mars 1966)
3. Un phénomène demeure incompréhensible tant que le champ d'observation n'est pas suffisamment large pour qu'y soit inclus le contexte dans lequel ledit phénomène se produit. Ne pas pouvoir saisir la complexité des relations entre un fait et le cadre dans lequel il s'insère, entre un organisme et son milieu, fait que l'observateur bute sur quelque chose de "mystérieux" et se trouve conduit à attribuer à l'objet de son étude des propriétés que peut-être il ne possède pas. (p.15)
4...il semble que les sciences du comportement soient restées fondées, dans une large mesure, sur une conception monadique de l'individu et sur la vénérable méthode qui consiste à isoler des variables...Si on étudie isolément un individu qui manifeste un trouble du comportement (psycho-pathologie), la recherche portera sur la nature de cet état, et en un sens plus large, sur la nature de l'esprit humain. (p.15)
5. ...L'étude de la communication humaine...peut se subdiviser selon les trois domaines distingués par MORRIS et qu'a repris CARNAP : syntaxe, sémantique et pragmatique. (p.15)
6. Nous considérons les deux termes, communication et comportement comme étant pratiquement synonymes. (p.16)
7. Cette manière d'aborder sous l'aspect de la communication les phénomènes du comportement humain, normal et pathologique, étant fondée sur les manifestations observables de la relation au sens le plus large du terme, est, du point de vue conceptuel, plus proche des mathématiques que de la psychologie traditionnelle ; les mathématiques sont en effet la discipline dont l'objet premier est non la nature des entités mais l'examen des relations entre elles. (p.17)
8. Il existe entre l'émergence du concept mathématique de fonction et l'ouverture de la psychologie au concept de relation un parallélisme qui donne à penser. (p.20)
9. Il est évident que la "mémoire" n'est pas une chose objective qu'un système possède ou non ; c'est un concept auquel l'observateur fait appel pour combler le vide provoqué par l'inobservabilité d'une partie du système. (p.20)
10. Tout enfant apprend à l'école que le mouvement est relatif ; il ne peut être perçu que par rapport à un point de repère. Ce qu'on ne saisit pas toujours, c'est qu'il y en va de même pour pratiquement toute perception, et donc pour l'expérience que fait l'homme de la réalité. Les recherches sur l'activité sensorielle et cérébrale ont prouvé de manière décisive qu'on ne peut percevoir que des relations et des modèles de relations, et c'est là l'essence même de l'expérience. (p.22)
11. La théorie psychanalytique est fondée sur un modèle conceptuel qui était en harmonie avec l'épistémologie en vigueur au moment où elle a été formulée. (p.23)
12. C'est en cela que réside la différence essentielle entre la psychodynamique freudienne et la théorie de la communication en tant que principes explicatifs du comportement humain. Elles appartiennent, comme on peut le voir à des ordre différents de complexité. La première ne peut être élargie jusqu'à devenir théorie de la communication, et celle-ci ne peut être dérivée de la psychodynamique. Il y a entre elle une "coupure épistémologique".
13. Tant que la science a eu pour objet des relations causales linéaires univoques et progressives, des phénomènes fort importants sont restés à l'extérieur de l'immense territoire conquis par la science pendant les quatre derniers siècles. (p.25)
14. On a dit justement de la rétroaction qu'elle était le secret de l'activité naturelle. Les systèmes à rétroaction ne se distinguent pas seulement par un degré de complexité quantitativement plus élevé ; ils sont également qualitativement différents de tout ce qui relève de la mécanique classique. Pour les étudier, il faut de nouveaux cadres conceptuels. (p.27)
15. Mais la connaissance d'une langue et un savoir sur cette langue sont deux ordres de connaissance très différents. On peut se servir correctement et couramment de sa langue maternelle, sans posséder pour autant une connaissance de sa grammaire et de sa syntaxe, c'est-à-dire des règles qu'on observe en la parlant. (p.30)
16. Nous sommes continuellement en train de communiquer, pourtant nous sommes presque totalement incapables de communiquer sur la communication. (p.31)
17. Mais quand on sait que ce que disent les gens ne peut être pris pour argent comptant - surtout dans les cas psychopathologiques - qu'on peut parfaitement dire une chose et signifier autre chose, et qu'il y a, nous venons de le voir, des questions dont les réponses peuvent échapper complètement à la conscience, la nécessité de disposer de méthodes différentes devient alors évidente. (p.32)
18. L'habitude de la dépendance est beaucoup moins perceptible pour un individu que le fait qu'à un moment donné il a reçu une aide. (p.32)
19. Cela signifie-t-il que l'observateur a "expliqué" le comportement des joueurs ? Nous dirions plutôt qu'il a identifié un modèle complexe. (p.33)
20. En attendant que l'esprit humain soit accessible à l'examen de l'extérieur, déductions et témoignages personnels sont tout ce que nous possédons, et l'on sait que l'on ne peut se fier ni aux unes ni aux autres. (p.37)
21. Toute interaction peut être définie par analogie avec un jeu, c'est-à-dire comme une succession de "coups" régis par des règles rigoureuses. (p.38)
22. Plus qu'aucune autre, psychologie et psychiatrie sont en fin de compte des disciplines réflexives : sujet et objet sont identiques. (p.38)
23. Il n'est pas besoin en effet d'avoir recours à des hypothèses intra-psychiques, en fin de compte invérifiables, et on peut se borner à observer les relations entre les entrées ("input") et les sorties ("output") d'information, autrement dit à la communication. (p.39)
24. Les sorties d'information d'une "boîte noire" seront considérées comme des entrées d'information pour une autre "boîte noire". (p.39)
25. Les causes possibles ou supposées d'un comportement n'ont qu'une importance secondaire, mais par contre l'effet de ce comportement dans l'interaction d'individus étroitement liés, devient un critère d'une importance primordiale. (p.41)
26. Quand la cause d'un segment de comportement demeure obscure, questionner sa finalité peut néanmoins fournir une réponse valable. (p.41)
27. Nous ne saurions trop insister sur le fait que le terme de "jeu" ne doit pas être entendu ici en un sens ludique, mais tire son origine de la théorie des jeux en mathématiques, et renvoie à des séquences de comportement régies par des règles. (p.41)
28. Les êtres humains engagés dans une interaction ont constamment recours à ce vice de raisonnement : A et B prétendent tous deux qu'ils ne font que réagir au comportement de leur partenaire sans s'apercevoir qu'ils influencent à leur tour leur partenaire par leur propre réaction. (p.42)
29. Ainsi par exemple, la "schizophrénie" considérée comme la maladie incurable et progressive de l'esprit d'un individu est complètement différente de la "schizophrénie" considérée comme la seule réaction possible à un contexte où la communication est absurde et intenable. (p.42)
30. Disons tout d'abord que le comportement possède une propriété on ne peut plus fondamentale, et qui de ce fait échappe souvent à l'attention : le comportement n'a pas de contraire. On ne peut pas ne pas avoir de comportement. (p.46)
31. Toute communication, nous le verrons, suppose un engagement et définit par là la manière dont l'émetteur voit sa relation au récepteur. (p.48)
32. Une communication ne se borne pas à transmettre une information, mais induit en même temps un comportement. (p.49)
33. Il semble en fait que plus une relation est spontanée et "saine", et plus l'aspect "relation" de la communication passe à l'arrière plan. Inversement, des relations "malades" se caractérisent par un débat incessant sur la nature de la relation et le "contenu" de la communication finit par perdre toute importance. (p.50)
34. Un ordinateur nécessite une information (les données) et une information sur l'information (les instructions). (p.50)
35. L'aptitude à métacommuniquer de façon satisfaisante n'est pas seulement la condition sine qua non d'une bonne communication, elle a aussi des liens très étroits avec le vaste problème de la conscience de soi et d'autrui. (p.51)
36.Toute communication présente deux aspects: le contenu et la relation, tels que le second englobe le premier et par suite est une métacommunication. (p.52)
37. On a souvent peine à croire que deux êtres puissent avoir des opinions aussi divergentes sur de nombreux points d'une expérience commune. (p.55)
38. La nature d'une relation dépend de la ponctuation des séquences de communication entre les partenaires. (p.57)
39. Chaque fois qu'on se sert d'un mot pour nommer une chose, il est évident que la relation établie entre le nom et la chose nommée est arbitraire. (p.59)
40. La communication analogique a des rapports plus directs avec ce qu'elle représente. (p.59)
41. On a toujours prêté aux enfants, aux fous et aux animaux une intuition particulière de la sincérité ou de l'insincérité des attitudes humaines. Il est en effet facile de professer quelque chose verbalement, mais il est difficile de mentir dans le domaine analogique. (p.61)
42. Le contenu sera transmis sur le mode digital, alors que la relation sera essentiellement de nature analogique. (p.61)
43. Une interaction symétrique se caractérise donc par l'égalité et la minimisation de la différence, tandis qu'une interaction complémentaire se fonde sur la maximalisation de la différence. (p.67)
44. Nous nous attachons à la manière dont se comportent deux partenaires, en faisant abstraction des raisons qu'ils ont, ou croient avoir, de se conduire ainsi. (p.67)
45. Tout échange de communication est symétrique ou complémentaire, selon qu'il se fonde sur l'égalité ou la différence. (p.68)
46. Du point de vue de la communication, il n'y a donc aucune différence de fond entre le comportement d'un individu dit "normal", tombé entre les mains d'un intervieweur expérimenté, et le comportement d'un individu dit "malade mental", affronté à un dilemme identique: ni l'un ni l'autre ne peuvent s'échapper, ni l'un ni l'autre ne peuvent ne pas communiquer, mais pour des raisons personnelles probablement, ils ont peur de le faire ou ne veulent pas le faire. (p.77)
47. Soulignons une fois de plus qu'à l'extrémité clinique du spectre du comportement, une communication (ou un comportement) de "dingue" n'est pas nécessairement le signe d'un esprit malade, elle peut être la seule réponse possible au contexte absurde et intenable de la communication. (p.77)
48. Les recherches récentes et minutieuses de ROSENTHAL sur "l'équation personnelle" de l'expérimentateur ont confirmé que, même dans des expériences rigoureusement contrôlées, s'insinue une communication complexe aux effets très sensibles, quoique non encore déterminables. (p.79)
49. Les deux opposants doivent se mettre à parler d'eux-mêmes et de leur relation, c'est-à-dire qu'ils doivent parvenir à une définition de leur relation soit comme symétrique, soit comme complémentaire. (p.81)
50. Aussi étonnant qu'il paraisse, si elle n'avait ce pouvoir de confirmer un être dans son identité, la communication humaine n'aurait guère débordé les frontières très limitées des échanges indispensables à la protection et à le survie de l'être humain; il n'y aurait pas de raison de communiquer pour le seul plaisir de communiquer. (p.84)
51. Il semble bien que, indépendamment du pur et simple échange d'information, l'homme a besoin de communiquer avec autrui pour parvenir à la conscience de lui-même. (p.84)
52. William James qui a écrit quelque part: "Aucun châtiment plus diabolique ne saurait être imaginé, s'il était physiquement possible, que d'être lâché dans la société et de demeurer totalement inaperçu de tous les membres qui la composent". (p.85)
53. Les discordances dans la ponctuation des séquences de faits ont lieu toutes les fois que l'un au moins des partenaires, ne possède pas la même quantité d'information que l'autre, mais ne s'en doute pas. (p.92)
54. D'une manière générale, c'est faire une supposition gratuite de croire que l'autre non seulement possède la même quantité d'information que soi-même, mais encore qu'il doit en tirer les mêmes conclusions. (p.93)
55. Mais le choix entre l'essentiel et le non-pertinent varie manifestement d'un individu à l'autre, et semble déterminé par des critères qui, dans une large mesure, échappent à la conscience; Il y a tout lieu de croire que la réalité est ce que nous la faisons. (p.93)
56. Cette nécessité de se situer à l'extérieur d'une situation donné pour la résoudre est un thème sur lequel nous reviendrons souvent au cours de ce livre. (p.94)
57. Dans une pragmatique de la communication humaine, il est parfaitement hors de propos de demander pourquoi un individu a de telles prémisses, quelles en sont les causes et s'il en est ou non conscient. (p.96)
58. Le rite un processus intermédiaire entre communication analogique et communication digitale. (p.102)
59. Dans les conflits conjugaux, par exemple, on peut observer facilement que les conjoints se livrent à une escalade dans la frustration; ils finissent par s'arrêter par pur et simple épuisement physique et affectif; ils observent alors une trêve embarrassée, puis recommencent un nouveau "round" quand ils ont suffisamment récupéré. (p.105)
60. Dans une relation symétrique "saine", les partenaires sont capables de s'accepter tels qu'ils sont; ceci conduit au respect mutuel et à la confiance dans le respect de l'autre, et équivaut à une confirmation positive et réciproque de leur moi. (p.106)
61. Très souvent, les plaintes formulées tournent autour de sentiments de plus en plus effrayants d'aliénation et de dépersonnalisation, d'aboulie ou bien d'"acting-out" compulsif de la part d'individus qui, hors de leur milieu familial, sont parfaitement capables d'une activité et d'un comportement satisfaisants, et paraissent très bien adaptés, si on les voit individuellement. (p.107)
62. En théorie du moins, on peut provoquer une modification thérapeutique de manière très directe en introduisant, pendant le traitement, la symétrie dans la complémentarité, ou vice versa. Nous disons bien "en théorie du moins", car on connaît trop bien la difficulté que l'on rencontre en pratique à induire un quelconque changement dans des systèmes rigides où les partenaires, dirait-on, préfèrent "supporter les maux présents plutôt que de (s') en échapper vers ces autres dont (ils) ne connaissent rien". (p.108)
63. L'importance du contenu s'estompe à mesure que se font jour les modèles de la communication. (p.116)
64. Les fonctions de la communication ne se définissent pas par la nature des énoncés, quels qu'ils soient, pris comme entités individuelles, mais par la relation qui unit deux ou plusieurs réponses. (p.116)
65. Un modèle est une information transmise par l'apparition de certains faits et la non-apparition d'autres faits. Si tous les faits possibles d'une classe donnée ont lieu au hasard, il n'y a ni modèle ni information. (p.117)
66. On peut considérer l'interaction comme un système, et la théorie générale des systèmes permet de comprendre la nature des systèmes en interaction. (p.118)
67. Dans des systèmes en interaction, la meilleure manière de décrire des objets n'est pas de les décrire comme des individus, mais comme des personnes-en-communication-avec-d'autres-personnes.(p.120)
68. Les partenaires d'une communication ont des relations à la fois verticales et horizontales avec d'autres personnes et d'autres systèmes. (p.122)
69. Un système ne se comporte pas comme un simple agrégat d'éléments indépendants, il constitue un tout cohérent et indivisible. (p.123)
70. Donc en étudiant l'interaction humaine, nous nous proposons d'opposer des méthodes essentiellement centrées sur l'individu, à la théorie de la communication. (p.125)
71. Tout comportement est communication et on ne peut pas ne pas communiquer, les séquences de communication doivent être considérées comme inséparables les unes des autres. En résumé, l'interaction est non sommative. (p.125)
72. Le principe de totalité s'oppose également à une autre théorie de l'interaction, celle de relation unilatérales entre les éléments, c'est-à-dire que A peut affecter B, mais pas le contraire. (p.125)
73.Affirmer que le comportement de A provoque le comportement de B, c'est négliger l'effet du comportement de B sur la réaction suivante de A; c'est en fait, déformer la chronologie des faits en choisissant une ponctuation qui met en relief certaines relations tout en en voilant d'autres.(p.126)
74. L'avènement de la cybernétique et la "découverte" de la rétroaction ont fait comprendre que des liaisons circulaires très complexes étaient un phénomène assurément très différent de notions causales plus simples et plus orthodoxes, mais non moins scientifique.(p.126)
75. La nature spécifique d'un processus à rétroaction offre beaucoup plus d'intérêt que l'étude de l'origine et, bien souvent, du résultat.(p.126)
76. Dans un système circulaire, source de ses propres modifications, les "conséquences", ne sont pas tant déterminées par les conditions initiales que par la nature du processus lui-même, ou par les paramètres du système. (p.127)
77. Des effets différents peuvent avoir les mêmes "causes". Aussi en analysant les effets que des individus en interaction ont les uns sur les autres, nous considérons que les caractères spécifiques de la genèse ou du résultat de cette interaction sont loin d'avoir la même importance que sa structure actuelle. (p.127)
78. L'état final d'un système clos est entièrement déterminé par les circonstances initiales dont on peut dire qu'elles sont la meilleure "explication" du système ; par contre, les caractéristiques structurelles d'un système ouvert sont telles qu'elles peuvent fonctionner jusqu'au cas-limite d'une indépendance totale à l'égard des conditions initiales : le système est ainsi à lui-même sa meilleure explication. La méthodologie adéquate est alors d'étudier sa structure actuelle. (p.129)
79. Ainsi nous en tiendrons-nous à une réponse qui est plus une description qu'une explication, c'est-à-dire que nous nous demanderons comment, et non pourquoi, fonctionne un système en interaction. (p.131)
80. Dans une séquence de communication, tout échange de messages restreint le nombre d'échanges suivants possibles. (p.132)
81. L'analyse d'une famille n'est pas la somme des analyses de chacun de ses membres. Il y a des caractéristiques propres au système, c'est-à-dire des modèles d'interaction qui transcendent les particularités de chacun des membres..(p.137)
82. On peut décrire l'interaction humaine comme un système de communication, régi par les propriétés des systèmes généraux : la variable temps, les relations système-sous-système, la totalité, la rétroaction et l'équifinalité. (p.147)
83. Pour montrer avec précision ce que nous entendons par les diverses abstractions qui définissent un système : règles, rétroaction, équifinalité, etc.,il faut pouvoir disposer d'un nombre considérable de messages, les avoir analysés et avoir repéré leurs configurations. (p.149)
84. les modèles de relation existent indépendamment du contenu, même si dans la vie réelle, ils sont toujours manifestés par et à travers le contenu. (p.154)
85. Il est toutefois difficile de décrire une telle circularité, ainsi que l'équilibre qu'elle motive et exige, surtout parce que nous manquons d'un vocabulaire apte à décrire des relations de causalité réciproque. (p.157)
86. Quand c'est l'homme qu'on étudie le passé n'est accessible que tel qu'il est rapporté dans le présent ; ce n'est donc pas un pur contenu, il a aussi un aspect relationnel. (p.160)
87. La tactique n'est pas seulement ce qui permet le jeu, mais ce qui le perpétue. (p.164)
88. la tentative de ne pas communiquer conduit en fait à un vif engagement (à propos d'un passage de : "Qui a peur de Virginia WOOLF ?", p.183)
89. On dit qu'un système est stable par rapport à certaines de ses variables, si ces variables demeurent à l'intérieur de limites déterminées. (p.183)
90. Puisque le message est paradoxal, toute réaction à ce message à l'intérieur du cadre qu'il fixe, ne peut être que paradoxale, elle aussi. (p.197)
91. C'est dans la liberté que s'épanouit la spontanéité, sous la contrainte qu'elle disparaît. (p.201)
92. Aucun énoncé, formulé à l'intérieur d'un cadre de référence donné, ne peut en même temps "sortir", si l'on peut dire, de ce cadre, et se nier lui-même. (p.205)
93. BATESON et ses collaborateurs ont pris le contrepied de cette position, et ont cherché les séquences d'expérience interpersonnelle qui pourraient induire (et non être causées par) un comportement justiciable du diagnostic de schizophrénie. (p.212)
94. Un message est émis qui est structuré de telle manière que : a) il affirme quelque chose, b) il affirme quelque chose sur sa propre affirmation, c) ces deux affirmations s'excluent. (p.213)
95. Donc, même si le message est dénué de sens, il possède une réalité pragmatique : on ne peut pas ne pas y réagir, mais on ne peut pas non plus y réagir de manière adéquate (c'est-à-dire non paradoxale) puisque le message est lui-même paradoxal. (p.213)
96. Les systèmes pathologiques ont l'étrange propriété des cercles vicieux de se perpétuer. (p.215)
97. Une double contrainte ne cause pas la schizophrénie. Tout ce qu'on peut dire, c'est que là où prédomine la double contrainte comme modèle de communication, si l'attention diagnostique se concentre sur l'individu ouvertement le plus malade, on constate que le comportement de cet individu répond aux critères de la schizophrénie. (p.215)
98. Là où s'établit une double contrainte durable, éventuellement chronique, l'individu s'y attendra comme à une chose allant de soi. (p.216)
99. Dans le travail psychothérapeutique avec des schizophrènes intelligents, on est sans cesse tenté de conclure qu'ils s'en tireraient beaucoup mieux, qu'ils seraient beaucoup "normaux", si seulement ils pouvaient perdre un peu de l'acuité de leur pensée et atténuer ainsi l'effet paralysant qu'elle a sur leurs actes. (p.222)
100. NERLICH : "L'une des manières de ne rien dire est de se contredire. Et si on s'arrange pour se contredire en disant qu'on ne dit rien, finalement on ne se contredit pas du tout. ON peut manger son gâteau et le garder". (p.224)
101. Il n'y a dans la nature de la communication humaine aucun moyen de faire partager à autrui une information ou des perceptions que l'on est seul à connaître. (p.229)
102. Aucun changement ne peut se faire de l'intérieur ; si un changement est possible, il ne peut se produire qu'en sortant de ce modèle. (p.235)
103. Si l'on demande à quelqu'un d'adopter un certain type de comportement, jugé jusque-là comme spontané, il ne peut plus être spontané, parce le fait de l'exiger rend sa spontanéité impossible. (p.241)
104. Au cours de ces dernières années les preuves se sont accumulées qui permettent de penser que si l'on se borne à faire disparaître le symptôme, il n'en découle aucune conséquence fâcheuse ; tout dépend évidemment de la manière dont on aborde le comportement symptomatique. (p.241)
105. Mais dans la vie réelle elle-même, le caractère incessant du changement s'accompagne rarement d'une prise de conscience ; le plus souvent, on change et on ne sait pas comment ni pourquoi. (p.242)
106. Il est vraisemblable que la plupart des formes traditionnelles de psychothérapie s'attachent beaucoup plus aux symptômes qu'on ne pourrait le croire à première vue. (p.242)
107. Une analyse se termine quand le patient se rend compte qu'elle pourrait continuer indéfiniment. (p.249)
108. Si le patient rejette une interprétation, l'analyste peut toujours dire qu'il ne fait que souligner quelque chose que le patient, par définition ignore, puisque c'est inconscient. Si, par contre, le patient tente de se réclamer de l'inconscient, l'analyste peut rejeter sa proposition, en disant que si c'était inconscient, le patient ne pourrait s'en prévaloir. (p.250)
107. Si nous comprenons que tout organisme, pour survivre, doit non seulement se procurer les substances nécessaires à son métabolisme, mais aussi une bonne information sur le monde environnant, nous voyons alors que communication et existence sont des concepts inséparables. (p.262)
108. Nous savons tout d'abord qu'il existe deux types de savoirs : un savoir des choses et un savoir sur les choses. (p.264)
109. La réalité, dans une très large mesure est ce que nous la faisons. (p.266)
110. On ne se borne pas à apprendre, on apprend à apprendre. (p.267)
111. Le changement thérapeutique, changement dont, après une thérapie réussie, on ne peut dire ni comment ni pourquoi il s'est produit, et en quoi finalement il consiste. (p.271)
112. La réalité, c'est l'expérience subjective que nous faisons de l'existence. (p.271)
113. Comme il doit être plus qu'évident désormais, rien à l'intérieur d'un cadre ne permet de formuler quelque chose, ou même de poser des questions, sur ce cadre. La solution ne consiste donc pas à trouver une réponse à l'énigme de l'existence, mais à comprendre qu'il n'y a pas d'énigme. (p.276)
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