Ethnométhodologie

Un article de U-Sphere.
Jump to: navigation, search

Ethnométhodologie, ou "logique des ethnométhodes", parfois désignée par ETM sur ce site.

L'ethnométhodologie n'est pas une méthodologie de l'ethnologie, mais la discipline qui s'intéresse aux ethnométhodes. La notion d'ethnométhode découle de travaux réalisés en ethnologie, qui soulignent l'intérêt des pratiques spécifiques des groupes étudiés au sujet de toute une série de questions particulières. En ethnologie, une ethnie est un groupe homogène sur le plan linguistique, politique, territorial, alors que pour l'ethnométhodologie, toute micro-culture, ainsi que toute micro-société humaine est une ethnie, et à l'extrême limite, un individu peut être considéré comme une ethnie.

L'ethnométhodologie est une branche de la sociologie, bien qu'elle remette en question les méthodes et les présupposés de cette dernière. Le champ ethnométhodologique est interdisciplinaire.

L'ethnométhodologie abordée dans le contexte de l'affaire SBF

Données disponibles sur ce sujet

Re: langage ummite et demonstration mathematique, les applications existentes

Date: Thu, 19 Dec 2002 15:19:31 +0100
De: Duncan Idaho
A: 6 Destinataires

Duncan.jpg [...]

L'ethnométhodologie est une pensée très en avance mais aussi d'un accès difficile car il faut un bagage interdisciplinaire minimal. Tout le monde peut l'utiliser pour critiquer la méthode scientifique et créer des ponts Entre différentes disciplines ou cultures.

Monsieur Petit condamne la maladie mentale des fanatiques de la liste qui luttent pour preserver leur prejugés et leurs interpretations, le problème c'est que nous sommes tous enclin à cette maladie, il faut savoir que c'est une faille permanente en l'homme. Il faut sans cesse se premunir, s'ouvrir et se discipliner pour ne pas sombrer. C'est plus difficile à dire qu'a faire, c'est pour cela que je vous averti de faire tres attention pour vous-même de l'influence ideologique trop forte d'où quelle vienne.

[SCIENCES COGNITIVES] [ANALYSES] [UMMO SCIENCES]

Date: Tue, 11 Feb 2003 10:31:13 +0100
De: Seth Brundle Fly
A: ummo.sciences

SBF.jpg [...] Premier point, je n'ai jamais utilisé le mot ethnométhodologie et je n'ai jamais imposé l'usage de l'ethnométhodologie, ni même revendiqué une obédience quelconque à ses recherches. Je me suis expliqué en privé et on me ressort cette histoire sans comprendre le fond du problème, ni me demander mon avis sur la question.

Deuxième point, j'ai souligné qu'il existait des recherches en sciences cognitives qui utilisait des théories logiques apparentées à la logique tetravalente et appliquées à différentes disciplines.

POUR MOI, LE MOT ETHNOMETHODOLOGIE NE DESIGNE RIENDE PRECIS, CE N'EST QU'UN MOT POUR DESIGNER DES SCIENCES COGNITIVES PARTICULIERES PARMI D'AUTRES QUI SONT EQUIVALENTES. Alors au lieu de tout mélanger, il faut plutôt se dire quelles sont les sciences cognitives dans le monde qui appliquent la logique tetravalente, combien d'écoles de pensée, de recherches militaires, d'universités et de courants de recherches sont dans cette course. Qu'est-ce que cachent ce genre de recherches et peuvent-elle aider à la compréhension des lettres ummites ?

Au lieu de tomber dans les querelles sémantiques, il faudrait peut être faire une petite enquête pour savoir ce qu'il y a derrière les mots. JE CHERCHE ALORS TOUS LES LIENS POSSIBLES ENTRE LOGIQUE TETRAVALENTE ET SCIENCES COGNITIVES POUR VALIDER CERTAINES DONNEES DES LETTRES UMMITES.

Définition "académique" : pré-axiomes de l'ethnométhodologie

Les définitions ci-après sont extraites du mémoire de DESS, soutenu par Hubert Brun en 1993, à l'Université Paris 8 (discipline Ethnométhodologie et Informatique ; direction Yves Lecerf et Jean-François Dégremont), sous le titre initial "Ethnométhodologie et Arts Divinatoires".

Les universités de Paris 7 et Paris 8 définissent l'ethnométhodologie à partir d'un certain nombre de concepts. Yves Lecerf qui y enseignait présentait en premier lieu l'ethnométhodologie par un ensemble de préaxiomes :

  • Il existe des gens, le monde, des disciplines, des ethnométhodes.
  • La démarche de science est une démarche libre, responsable.
  • Les sciences sont des savoirs incomplets. La science est une prétention au savoir.
  • L'ethnométhodologie est un ethno-savoir, et n'a de valeur que par ce que l'on va en faire.
  • Il y a des compréhensions, des représentations diverses de l'ethnométhodologie.
  • Chacun est totalement responsable de lui-même.

Concepts fondamentaux

Terrain

La notion de terrain est plus vaste et plus vague que l'ethnie, c'est l'extension de l'ethnie. Par exemple, un biologiste au CNRS fait partie d'une ethnie, mais le terrain est constitué à la fois de son lieu de travail et des déplacements éventuels du biologiste, effectués dans le cadre de son travail. C'est le contexte à l'intérieur duquel on étudie une population.

Village, Tribu

L'ethnométhodologie s'intéresse à des micro-sociétés composées de groupes restreints de personnes portant le nom de villages. Ces groupes se rapprochent à bien des égards des structures archaïques des tribus ou des clans villageois. Ils sont constitués par la parenté des fonctions, des intérêts, des préoccupations. De sorte que les ethnométhodologues parlent volontiers du village de commerçants ou de jeunes banlieusards tout en ayant soin de limiter leur champ d'investigations dans l'espace et le temps. Dans ce sens l'ethnométhodologie est une micro-sociologie contrairement à la macro-sociologie qui s'occupe de vastes ensembles de populations regroupés dans des villes, des nations ou des continents.

Axiomes de l'ethnométhodologie

L'ethnométhodologie s'appuie, dans sa pratique, sur un certain nombre d'axiomes.

l'indexicalité

L'indexicalité est le fait que les mots changent de sens en fonction du contexte. L'indexicalité est un terme linguistique : un mot a une signification distincte dans toute situation dans laquelle il est utilisé. Les linguistes nomment déictiques des mots comme : ici, maintenant, ceci, voilà, je, tu, nous, etc. Ceux-ci renvoient à un sens différent selon le lieu, le temps, le locuteur. Ces expressions indexicales ne prennent leur sens complet qu'en fonction du contexte où ils sont émis, que s'ils sont "indexés" à un supplément linguistique.

Pour l'ethnométhodologie, le sens doit se négocier en permanence, car le langage naturel n'est pas formalisable. D'après P. Watzlawick (1978) : "le langage ne se contente pas de transmettre des informations mais exprime en même temps une vision du monde", d'où la nécessité d'un lexique.

le être membre

Le travail des premiers ethnologues se faisait essentiellement à partir des récits des explorateurs et plus rarement à la suite d'un voyage dans les grandes villes où ils ne séjournaient que quelques jours, le temps de recueillir des informations fournies par des informateurs plus ou moins objectifs. Les ethnologues contemporains considèrent qu'il est indispensable de séjourner sur le terrain le plus longtemps possible en s'intégrant aux populations et en pratiquant ce que B. Malinowski (1922) appelle "l'observation participante", idée reprise plus tard par R. Jaulin (1971).

En ethnométhodologie les membres sont les individus du village. On devient membre d'un groupe lorsqu'on "parle" les évidences de celui-ci. Pour l'ethnométhodologie, il est nécessaire de devenir membre du groupe que l'on veut étudier. Devenir membre, c'est s'affilier à un groupe qui requiert la maîtrise progressive du langage institutionnel commun. Les membres connaissent les implicites de leur conduite, les "allants-de-soi".

la réflexivité

Si un ethnologue veut étudier une tribu lointaine, il va utiliser malgré lui des systèmes conceptuels qui viennent de sa propre culture. L'ethnométhodologie a ouvert la voie à une ethnographie réflexive, proposée par le chercheur S. Woolgar : "l'ethnographie réflexive se propose de rendre compte simultanément de l'objet de la recherche et de la démarche employée pendant la recherche, à partir de l'hypothèse que l'un et l'autre sont non seulement liés, mais que la connaissance de l'un permet également de mieux appréhender l'autre". (Cité par A. Coulon, 1990).

On va rendre compte en même temps de l'objet et de la démarche employée. La réflexivité est une équivalence entre décrire et produire une interaction. Quand on décrit un groupe on doit se décrire à l'intérieur du groupe, décrire l'observateur dans le déroulement de l'expérience. La réflexivité rend compte des pratiques qui, à la fois, décrivent et constituent le cadre social. Décrire une action, c'est la constituer. Elle désigne l'équivalence entre la compréhension et l'expression de cette compréhension.

le contexte

Le sens des mots dépend toujours du contexte. On peut essayer de rendre compte du contexte, mais on ne pourra jamais mentionner tout le contexte. Si on veut étudier la circulation des navires, il nous faudra connaître tout le contexte, on sera amené à comprendre la technologie, la métallurgie, l'histoire du XVIème siècle, etc.

Le sociologue ne se soucie pas du contexte, qui est trop versatile et fluctuant, dans un souci d'objectivation, il peut se comporter vis à vis de la réalité comme le biologiste qui dissèque un animal. Mais changer le contexte équivaut à changer de sens. Par exemple, si on veut comprendre le sens des luttes ethniques en Yougoslavie, on aura une perception très différente de la réalité si on fait commencer l'histoire en 1993 ou à partir de la deuxième guerre mondiale.

La première fois qu'on aborde un texte quelque peu ardu, on se trouve sans doute embarrassé. Mais si l'on veut bien interrompre la lecture et se reporter à une documentation complémentaire, dès lors, grâce à ce nouveau contexte, tout s'éclaire. Un étranger apprenant le français sera peut-être arrêté par une simple expression, par exemple : "l'heure c'est l'heure". Pour comprendre, il devra passer par un détour grammatical où le pronom démonstratif prendra à ses yeux une valeur très forte.

Pour l'ethnométhodologie, chaque fois qu'on emploie deux fois le même mot, le premier mot n'a pas le même sens que le deuxième. Toute répétition est en fait une création, elle joue un rôle de première importance dans l'activité créatrice de l'être humain. Pour N. Geblesco (1982), les textes sacrés "voient dans la répétition des formules, des gestes, des rythmes et autres structures symboliques : tout d'abord l'instrument d'un tissage de la durée puis le lieu et l'outil de passage d'un plan du créé à l'autre, enfin la voie d'accès à l'illimité".

le breaching

C'est un moyen pour casser les allants-de-soi, pour montrer ce qui peut être caché sous le "rien", par exemple en utilisant la provocation. Exemple des scénarios que Garfinkel proposait à ses étudiants pour provoquer des situations scandaleuses. Exemple des philosophes cyniques de la Grèce antique, qui défiaient les conventions sociales pour arriver à faire sortir les idées préconçues.

l'accountability (Racontabilité)

Ce mot est utilisé par H. Garfinkel pour désigner ce que chaque individu peut rendre compte en fonction de sa compréhension, sa représentation du monde. La difficulté réside dans le fait qu'il n'existe pas de grille objective de ce que l'on décrit. En Français, account pourrait se traduire par racontabilité (récupérer ce qui est racontable). L'accountability traduit la réalité sous forme de discours.

L'ethnométhodologue cherche à théoriser l'account (en quoi les accounts sont informants et structurants). Le monde social est accountable, c'est-à-dire descriptible, intelligible, rapportable, analysable. Cette racontabilité est partagée par les membres du groupe, elle n'est pas figée, son évolution est constante, elle est en partie implicite (composée d'allants-de-soi).

l'infinitude des Indexicalités

Les ethnométhodologues considèrent que tous les énoncés, toutes les actions comportent une marge d'incomplétude et sont indexicaux. L'indexicalité ainsi élargie aux sciences sociales est sans limites. Il existe une infinitude des indexicalités dans chaque mot, chaque proposition, chaque acte. Pour Yves Lecerf (1987), la notion d'indexicalité atteint "de plein fouet Durkheim, ses principes, son oeuvre et, à travers ceux-ci, les traditions de raisonnement les plus constants de la sociologie."

le raisonnement de sens commun

A l'intérieur d'un village, l'indexicalité est le dénominateur commun. Pour les membres du groupe, à un moment donné, le mot aura le même sens pour tous, un sens commun.

D'après G. Lapassade (1991) : "Le sens commun n'est pas une version atrophiée de la connaissance scientifique, mais un autre mode de connaissance, avec sa cohérence interne et sa pertinence." Par exemple, un examen doit permettre de vérifier si l'étudiant a bien compris le contenu des cours ; pour cela il doit reformuler le discours avec ses mots à lui pour faire la preuve de sa compréhension. Pourtant, une enquête a démontré que, si les examinateurs ne se concertent pas entre eux pour réduire les écarts de points, on obtient des écarts qui peuvent aller jusqu'à quatorze points en mathématique.

l'indifférence ethnométhodologique

La démarche ethnométhodologique est une position intermédiaire entre une implication en tant que membre pratiquant l'observation participante et une position de retrait, d'indifférence qui permet d'analyser une situation avec impartialité. C'est assurément une position difficile qui ne peut garantir une objectivité absolue de la part de l'expérimentateur, c'est pourquoi il doit avoir l'honnêteté de se décrire lui-même et dévoiler ses affinités ou antipathies pour le groupe étudié. En conséquence, en se "regardant observer" il retrouve l'objectivité que son implication lui avait fait perdre. Le principe d'indifférence renvoie au refus du raisonnement par induction, qui renvoie à la post-analyse...


Références